De frustration, son désir en devenait insensé. Des jours, des semaines qu'il n'arrivait plus à écrire quelque chose de correct. Sa créativité se tarissait. Et même les habituels artifices éthyliques ne parvenaient plus à l'imbiber. Dans le meilleur des cas, cela restait éphémère, foutrement illusoire. Le temps de décuver. Et chaque douloureuse sortie d'abîme se chargeait de lui rappeler à quel point ses récits étaient devenus creux.
C'était pourtant là, il le savait. Quelque part, n'attendant qu'un signe pour venir noircir ses feuilles immaculées. Pas en lui, comme le croyait naïvement de nombreux auteurs égotiques. Ce concept d'existentialisme appliqué à l'art était vraiment un des plus gros ramassis de foutaises de l'Histoire de l'humanité. Exister pour Être. Exprimer uniquement son Vécu. Dante avait probablement mis les pieds en Enfer aussi souvent que Fante en Italie.
Non. Pour lui, l'Essence pré-existait à toute chose. L'inspiration n'était qu'un encrier géant. L'artiste y trempait sa plume puis donnait vie. La Femme en était la principale allégorie.
Tout se rejoignait dans un maelström d'émotions. Il ne restait plus qu'à se servir. Mais seule une poignée d'élus en avait la capacité. Lui l'avait eu. Il avait été un de ces archéologues – auteurs, peintres, sculpteurs... - à sa recherche. Il l'avait trouvé, en avait fait un artefact, assez subtilement pour se l'approprier. Il s'en était abreuvé pour étancher sa soif d'immortalité. Ses écrits resteraient.
Certains s'étaient cramés à trop souvent s'approcher de ce Graal. Mutilations, suicides, conversions au christianisme : les pétages de plombs n'avaient pas manqué. Peut-être lui même commençait-il à être touché. Ce qu'il prenait pour frustration et désir n'étaient peut-être au final que les prémices de la folie. Oui cela ne pouvait être que ça. Il était en train de le rendre fou. Complètement fou. Ce satané Gogo.
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